« L’eau est l’organe du monde », disait le philosophe Gaston Bachelard.
Comme une suspicion consentie de l’incrédulité, comme un ex-voto à la vie
Issu d’une hidtoire familiale liée à la porcelaine de Limoges, Xavier de Maisonneuve inscrit ce travail dans une double tradition celle des arts de la table et celle des vanités.
L’idée fondatrice de cette série était simple : proposer de manger dans des assiettes peintes, porteuses d’un regard sur la Nature — une Nature en voie de disparition, figée, presque « morte » au sens pictural classique du terme.
Une méditation silencieuse sur l’éphémère, et peut-être, sur la futilité des choses : des bagatelles en forme de prière.
L’eau, qui compose près de 90 % du corps humain, devient ici un fil conducteur — symbole vibrant de l’impermanence de la vie.
Elle est mémoire mouvante, surface de projection, miroir troublé par notre époque.
L’artiste s’attarde sur les reflets contaminés de nos rivières et de nos parcs, peuplés d’auréoles d’hydrocarbures, d’effluves chimiques, d’agents perturbateurs et de métaux lourds.
À travers cette eau troublée, ce sont autant de monstres que d’esprits invisibles — nés du nitrate et du phosphate — qui prolifèrent. Cette prolifération, appelée eutrophisation, est l’un des symptômes d’un dérèglement plus vaste : aujourd’hui, seuls 10 % des rivières et cours d’eau français sont considérés en bon état écologique.
La Mémoire de l’eau se présente alors comme un ex-voto contemporain : un geste de reconnaissance et de révolte mêlés, face à la beauté blessée du vivant.





















